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Objectif : En savoir plus sur le parcours de Damien Roquel, fondateur de Brique24, en hommage à la brique 2 x 4, la première brique créée par Lego.
Mon premier serious game, pour faire émerger l’intelligence collective
Après 10 ans dans l’industrie, je sentais bien qu’il y avait des difficultés pour beaucoup de services, de personnes à échanger sur leurs réalités différentes… mais complémentaires. Donc, la facilitation est tombée par hasard. J’ai créé un jeu, un premier serious game avec des Lego, sans connaître rien à la facilitation. Il y a un facilitateur qui l’a essayé et qui m’a donné des conseils. Ce jeu, c’est une expérience apprenante collaborative. Il s’agit de réfléchir tous ensemble, différemment.
Après ces 10 ans dans l’industrie, je me suis arrêté 5 ans pour être en congé parental. En observant mes filles, et en intervenant avec mes Lego (dont j’étais déjà fan) dans des écoles, parce que j’avais des amies enseignantes, j’ai vu que les enfants apprenaient vraiment bien mieux et différemment avec le jeu.
À un moment, les parents m’ont dit : « Nous aussi, on voudrait apprendre à jouer avec des Lego. » Donc, j’ai créé une soirée qui s’appelle la Lego Rillette Party (made in Le Mans, où je vis). Je les ai accueillis en leur disant : « Voici des Lego. Il va falloir qu’on fasse quelque chose ensemble. » À 2h du matin, ils étaient toujours là ! Je me suis dit : « Je crois qu’il y a un truc à faire avec les adultes, avec le jeu ! ».
”Il s’agit de réfléchir tous ensemble, différemment.
L’impact de la formation Lego Serious Play
J’ai fait ça pendant presque trois ans, avant de me former au Lego Serious Play… sans avoir aucune idée de ce que c’était que le LSP ! Ça m’a surtout remué parce que j’avais créé mon entreprise « par hasard », sans avoir aucune idée de ce que ça voulait dire. Et pendant la formation, chaque participant teste la méthodologie LSP sur son projet professionnel. Ça m’a fait me poser des questions que je ne m’étais jamais posées. Et là, j’ai perçu la puissance de l’outil !
C’est venu me toucher émotionnellement tellement profondément que j’ai réalisé que ce n’était pas un outil anodin et qu’il fallait être très prudent.
Et puis, ça m’a donné une forme de légitimité d’avoir une certification, même si aujourd’hui, 10 ans après, ce n’est pas l’outil que j’utilise le plus.
Aujourd’hui, les Lego, je les utilise surtout via un serious game que j’ai créé. Il s’appelle « Le Défi collaboratif ». Je l’ai joué récemment pour la 212ᵉ fois ! Tous les participants sont dans la même pièce et doivent travailler ensemble sur un seul et unique projet. En gros, ils fabriquent une espèce de Domino Day géant… mais avec des Lego qui sont motorisés. Il faut qu’ils trouvent comment appliquer tous les principes de la collaboration sans être guidés par personne.
Je le joue avec de tout petits groupes, mais aussi avec des groupes de 200 personnes. Il n’y a pas beaucoup de produits sur le marché avec tous les participants qui travaillent sur le même projet. En général, on met les personnes en équipe et les équipes vont être en compétition les unes contre les autres. Avec « Le Défi collaboratif », c’est l’équipe complète qui est en compétition pour sa propre réussite.
Ça me fascine d’être là et de regarder les gens !
Pour la plupart des populations occidentales, l’utilisation du matériel Lego, c’est un retour en enfance. Avec la méthodologie LSP, ce qui est intéressant, ce sont les exercices d’échauffement parce qu’il y a des personnes qui n’ont pas choisi d’être là, quand j’interviens en entreprise. Ils n’ont pas forcément fait le choix de l’atelier. Ces exercices d’échauffement permettent de rassurer sur le fait que tous vont être capables de construire des choses. Là, on crée un cadre de sécurité psychologique qui, pour moi, est un fondamental de l’intelligence collective.
Ce que j’aime le plus
Ce que j’aime particulièrement, c’est accompagner bénévolement tous les enseignants qui le souhaitent à essayer de voir que la posture de l’enseignant peut changer en classe et qu’on peut vraiment passer dans une approche de Training from the back of the room. L’enseignant peut arrêter d’être le sachant qui dispense son savoir. Les enfants peuvent apprendre autrement. Et on peut éviter que l’école soit le moment où on perd l’aspect collaboratif dans notre société. C’est ce que j’aime le plus, en fait. C’est dommage parce que ça ne me rapporte rien, mais ça me remplit le cœur !
La rencontre avec Thiagi
Aujourd’hui, on parle beaucoup d’intelligence collective et on a l’image de discussions entre groupes, de post-it, etc. Moi, ce que j’aime, c’est amener les personnes à faire face à une problématique qu’ils rencontrent, en leur créant une expérience où ils vont devoir y être confrontés mais sans la lier tout de suite au travail. Comme ça, ils trouvent par eux-mêmes les ressources et avec le débriefing, on réfléchit ensemble à la manière dont ça peut faire évoluer leur pratique. Concrètement, je vais utiliser tout type de jeu : un jeu de société classique utilisé tel quel, un jeu de société « détourné » ou un jeu que je crée spécialement.
J’ai été formé par un vieux monsieur qui s’appelle Thiagi et qui dit qu’avec un stylo et un bristol, on devrait pouvoir faire à peu près toutes les formations et les enseignements du monde !
Ma découverte de la facilitation date de 2015, mais ma rencontre avec l’univers de Thiagi, c’est fin 2016. Ça a transformé la façon dont je pensais le métier. Avec les jeux-cadres de Thiagi, je peux faciliter un atelier avec plusieurs dizaines, plusieurs centaines de personnes… en étant seul. Il n’y a rien à apprendre aux participants, ils ont les réponses en eux. Il faut juste trouver comment les faire échanger !
Merci à Damien Roquel d’avoir accepté de nous accorder cette interview !
Nous souhaitons à Brique24 de continuer à créer des ateliers constructifs !